Genèse de la réalité virtuelle en Ehpad

Depuis quelques mois, on observe un intérêt pour l’utilisation de la réalité virtuelle en Ehpad (Établissement d’Hébergement pour personnes Agées Dépendantes), ou résidences séniors. Une attention renforcée par la situation sanitaire liée au COVID19 depuis presque deux ans, mais qui trouve ses origines bien avant. Cela peut sembler une bonne idée d’utiliser les technologies pour transposer le regard d’une personne qui ne peut plus sortir au-delà des murs de son habitation. Cependant, prendre un casque de réalité virtuelle, le mettre sur la tête d’une personne…. Est-ce si simple que cela ?

La réalité virtuelle en environnement gériatrique

La question de l’utilisation de la réalité virtuelle en gériatrie s’est posée pour certains dès 2015. Plusieurs acteurs, entreprises ou associations au monde se sont interrogés sur la pertinence de cette question depuis 7 ans déjà. Dans des établissements, des animateurs, des soignants, des psychologues ont réalisés des tentatives individuelles plus ou moins réussies. Et alors ? Qu’en est-il sorti ? Était-ce une bonne idée ? Pour avoir la réponse à cette question il fallait pouvoir l’envisager de manière complète.

Quelles sont vraiment les caractéristiques des utilisateurs de la réalité virtuelle en Ehpad ?
Et s’il y avait plusieurs types d’utilisateurs ?

Les Ehpad ou les résidences séniors sont aujourd’hui des maisons de retraite habitées par des citoyens dont l’âge est compris entre 65 et plus de 100 ans. Ces personnes sont, en majorité, institutionnalisées car elles présentent un point commun : elles ont besoin d’un cadre de vie qui leur permette de subvenir à certains besoins Du fait de certaines pathologies cognitives ou physiques, elles peuvent présenter des difficultés d’apprentissage, ou des troubles de la compréhension. Elles sont donc accompagnées au quotidien par des professionnels spécialisés.

Professionnels de la gériatrie, et résidents (plus ou moins autonomes) sont les deux classes principales d’utilisateurs de la réalité virtuelle en maison de retraite.

La réalité virtuelle en Ehpad, de l’idée à la réalisation…

Ce qu’ont tenté en 2015 les premiers expérimentateurs de la réalité virtuelle à destination des univers gériatriqueS est assez simple à mettre en œuvre. Ils ont simplement acheté des casques de réalité virtuelle, les ont connectés à internet, et consulté du contenu en ligne. Ils ont alors constaté plusieurs choses :

  • Les contenus à regarder étaient pauvres, pas adaptés aux attentes des résidents, peu nombreux, de mauvaise qualité, et leur visionnage demandait une connexion internet très haut débit.
  • Les outils étaient peu utilisables dans un contexte gériatrique. Des lunettes de réalité virtuelle destinées à des amoureux du jeu vidéo n’étaient pas pensées pour un usage collectif, ou une mise en œuvre simple et rapide par des professionnels de la gériatrie.
  • Rien dans ces systèmes n’avait été pensé pour permettre l’adhésion de personnes dépendantes, et le système de contrôle (manette de jeu) ne pouvait que difficilement être expliqué à des personnes âgées.

De la stimulation de l’intellect à la stimulation des sens

Si les premières utilisations de la réalité virtuelle en gériatrie n’étaient pas forcement totalement efficientes, un principe de bon sens, une intuition, vérifiés par l’observation, a cependant guidé les premiers expérimentateurs : Que propose-t-on en premier à quelqu’un qui s’ennuie, qui rumine, qui vient de vivre un choc affectif et qui ne parvient pas à sortir de ses pensées ? On lui propose de prendre ses baskets et d’aller faire un tour. De tenter de stimuler ses sens par un contact avec le monde pour détourner son attention et permettre à la partie de son cerveau qui réfléchit de se reposer un peu.

Les approches de détournement d’attention qui permettent à des personnes anxieuses ou apathiques de se sentir mieux, ne sont pas nouvelles. Elles ne sont pas propres à l’usage de la réalité virtuelle. En environnement gériatrique, on les connait depuis plus de 20 ans déjà. Elles s’appellent « thérapie » du voyage, stimulation sensorielle snoezelen ou autres.

Ce que dans certains cas, ont pu observer les premiers expérimentateurs de la réalité virtuelle en Ehpad ce sont des effets étonnants de détournement d’attention par des sujets âgés parfois atteint de degrés avancés de dépendance cognitive ; des changements d’attitude, des évocations verbales étonnantes, des déclarations physiques inattendues.

La réalité virtuelle en gériatrie aujourd’hui

La réalité virtuelle n’a que très peu d’intérêt si elle ne place pas l’homme et son bienêtre au centre de son utilisation. Les formes abouties ou en partie abouties d’outils de réalité virtuelle destinés au monde de la gériatrie ont finalement été développés sur la demande des utilisateurs. Des outils réunissants des composantes matérielles et immatérielles permettent déjà un usage efficace dans les environnements professionnels (Ergonomiques, respectant des cahiers des charges d’hygiène, simples d’utilisation, adaptés aux réseaux existants…).

Si en 2015, faire porter des lunettes de réalité virtuelle à des personnes de grand âge semblait de la science-fiction, c’est maintenant envisageable au regard des environnements technologiques et techniques qui se sont greffés autour.

La forme de ce qu’ils regardent

Le point central de la question de l’usage « inattendu » de ces outils technologiques par des personnes âgées tient dans la forme de ce qu’ils regardent dans ces outils. Depuis 2017, certaines approches éditoriales en réalité virtuelle destinées au monde du grand âge ouvrent des portes sur des possibilités de bien-être pour les utilisateurs. Les recherches en cours, permettront d’imaginer les narrations de demain pour tenter de décupler le plaisir.